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Antoine de Tounens

Antoine de Tounens, né le 12 mai 1825 à La Chèze , commune de Chourgnac (Dordogne), mort le 17 septembre 1878 à Tourtoirac (Dordogne), aventurier français.

L'avoué de Périgueux

Antoine Thounem  est le dernier fils et le huitième des neuf enfants (cinq garçons et quatre filles) qu'eurent Jean Tounens (1781-1862) et Catherine Jardon ( -1873) son épouse, famille de paysans dont l'aisance relative (le bien de cette famille est évalué à 70 000 ou 80 000 francs) lui permet de faire quelque étude (baccalauréat...) et d'acheter une charge d'avoué à Périgueux. Il obtient, en appel, un jugement en date du 27 juillet 1857 de la cour impériale de Bordeaux autorisant sa famille à ajouter une particule à son patronyme qui devient alors de Tounens, en effet sa famille était d'ancienne noblesse qui s'est perdue avec le temps. Antoine de Tounens vend sa charge d'avoué en cette même année 1857 et sa famille contracte un emprunt de 25 000 francs  auprès du Crédit foncier de France en vue d'une expédition qu'il projette. Il s'affilie aussi à la franc-maçonnerie. Cependant à sa mort il demandera les secours de la Sainte Eglise Catholique apostolique et romaine et confessera sa faute, mourant en bon chrétien

Orélie-Antoine 1er

Il débarque au Chili le 28 août 1858 à Coquimbo, à 400 kilomètres de Santiago. Il gagne la province d'Arauco en 1860, où il promulgue une constitution le 17 novembre. Ayant pris le nom d'Orllie-Antoine Ier (ou Orélie-Antoine Ier), il est proclamé roi d'Araucanie et de Patagonie le 20 novembre 1860, revendiquant ainsi l'extension de son royaume au-delà des Andes, jusqu'à l'Atlantique et au détroit de Magellan. Il s'appuie sur les tribus Puelches et Tehuelches, qui lui restent fidèles par la suite, mais est fait prisonnier par les troupes chiliennes le 5 janvier 1862, puis condamné à l'internement dans un asile de fous. L'intervention du consul général de France lui permet de regagner la France et il embarque le 28 octobre 1862 à Valparaiso à bord du Duguay-Trouin. Durant la période 1860-1862, le Royaume d'Araucanie et de Patagonie a eu, dans une certaine mesure, une existence effective. Mais les ministres Lachaise et Desfontaines dont on voit les signatures au bas d'actes royaux n'existent pas  : le nom du premier correspond au La Chèze (ou La Chaise) où naquit Antoine de Tounens et celui de second à Les Fontaines, un hameau proche du précédent...

La Bibliothèque nationale conserve la trace  d'une souscription organisée en sa faveur, notamment à Bordeaux, à partir de l'été 1866 ; il trouve ainsi un appui, et monte une seconde expédition en 1869. De retour en France, il lance une nouvelle expédition en 1874. Il est immédiatement arrêté, emprisonné puis libéré sur intervention de l'ambassade de France. Sa dernière tentative échoue en 1876.

Sa succession

Revenu malade de sa dernière expédition il se retire chez son neveu Jean dit Adrien (1844-1889), établi à Tourtoirac comme boucher ; il y meurt, après de dures souffrances, tout près de son lieu de naissance .

Il mourut sans alliance ni descendance. Ses dernières volontés furent-elles de désigner Achille Laviarde pour lui succéder sur le trône ? En tout cas ses proches par le sang préférèrent travailler au rétablissement d'une situation financière compromise. Le neveu secourable, Monseigneur Adrien-Jean de Tounens (1844-1889), était devenu l'héritier à la mort de son père Jean (1805-1881), l'aîné des neuf enfants Tounems-Jardon ; il renoncera en 1882 en faveur d'Achille Ier et ses enfants s'appelleront simplement Thounens. Après Achille Laviarde, la succession sera ensuite légalement transmise devant notaires avec le titre de Prince d'Aracanie, reconnu par la République française.

Tout ceci constitue une occasion perdue par la France — qui n'accorda aucune aide publique à Antoine de Tounens — pour s'implanter dans cette région du monde qui n'appartenait alors à aucun État, l'empereur Napoléon III était alors, il est vrai, engagé dans l'expédition du Mexique (1861-1867) pour soutenir l'empereur Maximilien Ier du Mexique. Antoine de Tounens ne disposa que de moyens financiers limités et son origine sociale en fit une cible facile pour la presse.

Un personnage littéraire

Ce personnage reste connu en France car sa vie a fait l'objet notamment d'un ouvrage de Saint-Loup, Le Roi blanc des Patagons (1950) et d'un roman de Jean Raspail, Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie (1981).

C'est en 1950, au terme de trois années de voyages en Amérique du Sud, que Saint-Loup découvre, par l'intermédiaire de l'historien Armando Braun Menéndez, l'existence d'Antoine de Tounens. Il décide alors de « faire connaître la vie de ce cadet de Gascogne, ce Cyrano de Tourtoirac qui a, comme l'autre son voisin de Bergerac, donné sa vie pour des rêves ». Le roman qu'il consacre à ce « véritable saint de l'aventure » se veut fidèle à la réalité historique.



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